" 20 Temps " Galerie Galartco, Chauny | ||
Exposition anniversaire du 20 septembre au 18 octobre 2013 Collège Jacques Cartier, 60 rue Ernest Renan, 02300 Chauny |
Parce qu’il met le dessin au service de l’idée, en retrait de l’acte de création, David Leleu se qualifie d’« artisan». Une démarche conceptuelle avant d’être celle d’un dessinateur à la technique incomparable, cet artiste Français se retire délibérément des images qu’il propose.
La question cruciale du choix des images est la base de la démarche créative de son oeuvre : Quelle image offrir ? Comment faire le choix dans le flot infini d’images disponibles pour soutenir son discours ? Comment faire pour que cette image retienne l’attention des spectateurs et donc qu’une communication s’établisse entre eux et son projet ?
Il permet à l’artiste de donner, une atmosphère intime aux tourbillons d’images impersonnelles et absurdes qu’il nous livre pêle-mêle, et au travers desquelles, il joue, non sans humour, de l’ambiguïté photo - dessin. L’artiste s’évertue à puiser l’essence de la photographie avant de nous la livrer, purgée de toute force iconographie. Il ne reste alors qu’un spectre d’image vibrant de sensibilité et de matérialité.
Mon approche est simple et très radicale et ce resume en quelques mots, « In internet I trust ». je detourne ainsi le « in god we trust », inscrit sur les dollars americain. Ma foi est donc numérique. Mon inspiration est soustrait à de puissants logiciels qui traitent et organisent le flot d'information disponible sur la toile. Je confronte dans ce projet ma foi en l'internet à un grand theme religieux , les 7 peches capitaux. Le moteur de recherche d'image « Google » me donne ainsi l'illutration de chacun des 7 peches capitaux. Sans jamais en remettre en cause la pertinence, je traduis fidèlement ces images profanes sans chercher à leur rendre un quelconque caractère religieux. Ces dessins trouvent leur sens dans leur mise en contexte artistique et historique.
This 7 capital sins series is inspired by engravings from Brueghel the Ancien. The « Google Images » search engine provides the original image which is then reproduced through this specific technique. Google here becomes Brueghel's alter ego and David Leleu becomes the engraver who makes the image a piece of art. However, the process is reversed. Brueghel used to create an original piece of art which was then turned into a « mass-media » image through the engraving process. Leleu's process uses a mass-media image and turns it into a unique piece of art through his own process.
Most of the images used by David Leleu for his drawings are taken out from mass-media, especially from the Internet. Although this infinite flow of images is a great source of inspiration, it also implies a choice issue. This questionning is clearly shown through his creative process. The choice of images is let up to the search engine. The drawing will be realized using a technique which is closer to printing than to classical drawing, thanks to the use of carbon paper to reproduce the original image. He therefore, manually develop a photograph which will be changed into a drawing through the process.
"DANS TOUT AUTOPORTRAIT, IL FAUDRAIT AVOIR L'ELEGANCE DE SE RETIRER"
Floues, « déjà vues », trois images sous verre (un paysage (?), une course de motocross, un grand visage de face) que je n’associe pas encore en un triptyque. Clippings noir et blanc agrandis, énièmes photos de photos? Je songe aux Zeitungsfotos de Thomas Ruff. (Entre 1981 et 1991 ce-dernier rassembla près de 2500 images qu’il préleva dans la presse; à partir de ces archives près de 400 furent reprises, échelle 2 :1)
Mais de plus près les « clichés » de Leleu détrompent l’œil : ce sont des dessins..! Chaque point de leur « trame » a été marqué à la main : « pointillisme » presque absurde au regard du développement rapide que suggèrent les images « pixélisées ». L’artiste dévoile sa technique : « (Elle) est plus proche de l’impression que du dessin classique, grâce à l’utilisation du papier carbone pour reproduire l’image, je développe ainsi manuellement une photo qui par ce processus, redevient finalement un dessin. »* Choix imparable, il cite Julio Cortazar : « Dans tout autoportrait, il faudrait avoir l’élégance de se retirer. ».
Retirer : le transfert artisanal de l’image; se retirer : la distanciation que l’artiste s’impose dans sa propre représentation. « Ce triptyque est le résultat d’une démarche avec celle de la technologie. Il représente également une recherche d’humanité face à une infinité d’informations. J’ai choisi de soumettre ma propre identité à un moteur de recherche d’images « Picsearch ». En lançant cette recherche sur mon nom et mon prénom à un moment précis, trois images apparaissent en moins d’une seconde. »*
D’autres collaborateurs que « Picsearch » peuvent bien sûr être sollicités. Google, par exemple, propose une constellation de 114 petits clichés, vignettes redessinées échelle 1:1. « Pour rester aussi proche que possible du résultat original fourni par le moteur, je choisis d’appliquer le même traitement à toutes les images afin d’harmoniser et de re-humaniser le sujet. »* David Leleu™ vs Google © ? « Filtres » de papier carbone, utilisation de machines à écrire pour dessiner, plus récemment David Leleu s’est réapproprié de nouvelles « images-fantômes ». En allemand, « Phantombilder » est l’équivalent de nos « portraits-robots ». Pensons cette fois aux andere Porträts de Ruff, ces « autres portraits ». Ou signalons les Super Noi, (« Super Nous »), portraits-robots de Maurizio Cattelan dessinés en 1992 par des policiers d’après les descriptions de l’artiste par ses connaissances. Moins dramatiquement, David Leleu encourage ses amis à manipuler un nouveau logiciel. Le « flashface Project » retranscrit ses visages refaits et enregistrés en ligne. « Visions impersonnelles et absurdes de soi »*, les (auto)portraits de l’artiste sont les avatars d’improbables mais inévitables « second lives » que nous vivons tous dans les souvenirs de proches sollicités. Ou qu’à défaut les données d’Internet peuvent croiser et multiplier...
Jean philippe Theyskens
The basis of Leleu’s work “Google, Self-Portrait”(2006) are pictures taken from an internet search that reproduced as drawings leave the viewer confronted by an apparently random assimilation of images bearing the mark of the hand that made them.
Yet, what seems a pointless disarray of images is in fact, the consequences of a careful applied work process, designed to harness the wealth and incessant flow of images that confronts us when we access one of modern technology’s most ingenious products: the search engine. Represented in their original thumbnail size, the 114 images are the result of an “image search” of the artist’s surname. While in the past, the internet was merely viewed as a plaything for gadget-lovers, today dogpile, Msn search, Google, Yahoo! Ect. Are indispensable tools in sourcing information about things, events and people. “Using this information is the basis on which I form an identity –an image- of the person in question.
More than anything, it is the order in which the “hits” appear, directly linked to what is most relevant, that influences the kind of identity I ascribe to that person.” Hermeneutical complications aside, an “image search” deals with pictorially encoded information, which is at best difficult to consensually read. Leleu’s work is a comment on the identity that one such image search engine presented upon the input of his own name into its matrix.
In effect, an adapted notion of handiwork is implemented when he copies the images that he has been given; one which reinvests the digital image with the trace of his own hand and re-humanizes his identity.
David ulrichs